Réforme du master : de quoi s'agit -il?

Publié le par Permanence nationale de l'AJR

Le 27 octobre, le Sénat a voté à l’unanimité un accord sur les masters signé le 4 octobre par la direction de l’UNEF, la FAGE, la FSU, la CFDT, et la CPU.

Est-ce pour donner une solution aux difficultés que rencontrent nombre d'étudiants déjà en licence ? Est-ce que pour mettre un terme à l'austérité qui depuis 2007, avec la loi LRU puis la loi Fioraso en 2012, assaille l'Université et ses filières ?

En vérité, si les directions des organisations ont à peine consulté leurs instances pour apposer leur signature, si la CGT et FO, mais également l'association d'enseignants-chercheurs "Qualité pour les Sciences", se sont prononcés contre ce projet, c'est qu'il marque une attaque de plus, un recul de plus dans les conditions universitaires.

“Droit à la poursuite des études” ?

Fini le "tabou de la sélection", si le projet est confirmé, va se mettre en place ce qui existe à la sortie du baccalauréat, un portail d'inscriptions sélectives, mais aussi, ce que la direction de l'Unef présente comme une "victoire pour les étudiants", un "droit à la poursuite d'études". En soi, le master recherche a toujours été sélectif, selon le niveau de l'étudiant ou de l'équipe de recherche qui l'accueille.

Mais ce sont d'autres critères, anti-pédagogiques, qui sont formulés dans le projet de loi : il est question d'une épreuve (dont les modalités ne sont pas encore déterminées) avec la prise en compte du projet professionnel de l'étudiant, et surtout de la capacité d’accueil de l’établissement.Il faudrait donc s'accommoder de la mise en concurrence des pôles universitaires qui se mettent en place dans le cadre des fusions ?

Autre danger, sinon le pire, c'est ce "droit à la poursuite d'études". Qu'arrive-t-il à l'étudiant "recalé" ?

La décision, parce qu'ils seront en droit de l'imposer, reviendra aux recteurs d’académie qui proposeront 3 cursus alternatifs "dans des masters compatibles avec leur parcours de formation antérieur", pas forcément dans la même université. Ils pourraient également différer cette poursuite d’étude !

Des universités d'excellence et des sous-universités l’accord que le gouvernement, la gauche et la droite réunies dans un vote unanime au Sénat (le PCF s'étant abstenu) veulent mettre en place dès la rentrée 2017, ouvrirait la voie à une université à deux vitesses : celle d’excellence et sélective, et des sous- universités qui donneront finalement des sous-diplômes.

Dans la logique destructrice des coupes budgétaires, des mutualisations et des rationalisations des parcours, des centaines de master recherche sont menacés, et avec eux le caractère universitaire de l'Université !

Le projet de loi risque d'aggraver encore les inégalités qui se creusent avec les fusions (hausse du coût de la vie étudiante pour déplacement de filière). Nous avons les mêmes inquiétudes que ce professeur d'université : "La France faisait partie des pays où il y avait de l'excellence partout, parce que, même dans les petites universités, il y a des équipes de recherche de valeur. On va passer de l'excellence partout à l'excellence concentrée sur quelques sites. Les autres établissements seront-ils encore des universités ?"

Retrait de la loi sur la sélection en master 1 !

La majorité des étudiants ne sont pas informés du contenu et des dangers de cette loi. C’est pourquoi l’AJR invite les étudiants à s’informer, à en discuter le contenu, et à se regrouper afin d’organiser le combat pour en obtenir le retrait. Discutons-en !

 

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