Non à la "professionnalisation" de la Licence !

Publié le par Permanence nationale de l'AJR

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Fin 2007, Valérie Pécresse, qui était déjà la ministre de l’enseignement supérieur, mettait en place une nouvelle réforme des études à l’université : le Plan « Réussite en Licence ».

Ce plan prévoyait de mettre en place des « parcours de tronc commun », c'est-à-dire la fusion des filières entre elles, ne permettant à l’étudiant de se spécialiser dans un domaine qu’à partir de la troisième année de licence. Dans un grand nombre d’universités, les premières applications de cette réforme ont abouti à ce que, par exemple, pour un étudiant voulant étudier l’histoire, seulement 4h par semaine y soit consacrées, c'est-à-dire autant qu’au lycée en terminale L !

Le plan « Réussite en Licence » prévoyait également l’introduction de plus en plus importante de « cours » pour apprendre à rédiger un CV, à bien passer des entretiens, afin de « rapprocher l’université du monde de l’entreprise »… C’est d’ailleurs sur ce point que le gouvernement (mais pas seulement, comme nous allons le voir) a jugé qu’il fallait aller beaucoup plus loin.

 

Objectif : « professionnalisation » de la licence

 

En début d’année, Pécresse a lancé le projet de modifier la réforme de 2007 pour aller plus loin dans la voie de la « professionnalisation » de la licence. Ce « Plan licence II » prévoit d’abord la généralisation d’unités d’enseignement (UE) de professionnalisation, telles « recherche d’emplois », « rédaction de curriculum vitae ». Ce qui se fait dans certaines universités doit ainsi être étendu aux autres.

Mais la mesure phare que contient ce nouveau Plan licence, c’est l’introduction d’un stage obligatoire en deuxième année, dont la durée pourrait atteindre jusqu’à un semestre entier ! Tous les étudiants, qu’ils soient en Lettres, en Sciences, en Droit etc., tous devront faire un stage dans le monde de l’entreprise, sans aucun lien avec leurs études suivies. Bien entendu, ces stages seront gratuits si ils durent moins de deux mois. Si ils durent plus de deux mois, l’étudiant recevra 417 euros, c'est-à-dire bien en dessous du SMIC.

Bref, Pécresse veut faire de l’université une sorte de Pôle emploi qui, au lieu d’enseigner des connaissances aux étudiants, leur apprend à rechercher un boulot, parce que bien sûr ils seront au chômage plus tard, et les envoi en stage pour se faire surexploiter. Le Plan licence II, c’est tout simplement la destruction de l’université puisqu’on la chargerait de missions qui ne sont pas les siennes, au détriment de l’enseignement universitaire. Et tout cela au nom de la « professionnalisation » des études…

 

Le chômage : la faute aux études ?

 

Cette réforme se fait au nom du principe selon lequel il faut « rapprocher les études du monde de l’entreprise ». Tous les étudiants ont entendu ce discours un jour : « si les jeunes sont au chômage, c’est parce que les études ne les préparent pas assez au monde du travail ».

C’est alors que le gouvernement arrive avec ses stages gratuits, et ses cours pour faire des CV, en disant aux étudiants : « voilà la solution miracle ». Ils savent bien que tous les étudiants craignent de finir au chômage, et ils jouent sur cette angoisse légitime pour nous faire accepter ça.

Mais il faut en finir avec cette idée. Ce ne sont pas les études qui créent le chômage ou la précarité. Les étudiants auront beau faire des dizaines de stages, au final il n’y aura pas plus boulot si l’Etat et les entreprises ne décident pas de recruter ! D’ailleurs, le gouvernement prétend réformer nos études pour nous éviter le chômage, mais dans le même temps il supprime depuis des années des centaines de milliers de postes de fonctionnaires, il refuse d’interdire les licenciements, il fait travailler plus longtemps les vieux salariés empêchant les jeunes de pouvoir accéder à l’emploi.

Ce ne sont donc pas nos études qui sont en cause, mais la volonté du gouvernement de nous maintenir dans la précarité pour nous pousser à accepter de travailler pour des salaires de misère et dans des conditions de surexploitation. Nos études, nos diplômes, au contraire, nous donnent des garanties sur le marché du travail, et ce n’est pas un hasard si ils veulent justement les détruire.

 

Pécresse a des amis…

 

Pécresse veut donc aller plus loin dans la voie de la « professionnalisation », c'est-à-dire la destruction de nos études. Mais ce n’est pas la seule ! En effet, quelques semaines après les premières déclarations de Pécresse, l’Unef sortait mi-février un dossier pour faire ses propres propositions. Le syndicat étudiant y déplore l’application « très inégale » du plan licence.

L’Unef appelle donc à approfondir la pluridisciplinarité, c'est-à-dire en fait la destruction des filières, et intégrer des « éléments de professionnalisation dans tous les cursus » (rédaction de CV, encadrement des stages…). Bref, ce que propose l’Unef, c’est de soutenir les propositions de Pécresse et même d’exiger d’elle qu’elle les mette vraiment en œuvre !

Tout le problème est là : l’Unef ne devrait-elle pas au contraire combattre ces mesures plutôt que de s’en féliciter et laisser à Pécresse les mains libres ? Pour sa part, l’AJR pense au contraire que le rôle de toute organisation au service des étudiants et de la jeunesse est de combattre la politique du gouvernement : c’est pourquoi nous exigeons le retrait du Plan licence dans son ensemble.

 

Cet article est extrait du Révolution n°14, qui vient de paraître et qui est diponible auprès de chaque militant de l'AJR.

Publié dans Université

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