La révolution s'étend, et en France il faudrait accepter la politique du gouvernement ?

Publié le par Permanence nationale de l'AJR

cairesamedi

Note sur la situation politique – 20 février 2011

 

 

 

Une étape supplémentaire vers la révolution mondiale vient d’être franchie. Après la révolution tunisienne et la chute de Ben Ali, après le départ de Moubarak chassé par la révolution égyptienne, c’est au tour du Bahreïn, de la Lybie, du Yémen… de connaître le soulèvement du peuple contre le pouvoir en place.

Disons-le une nouvelle fois, il ne s’agit en aucun cas d’une « révolution arabe » : il s’agit de la révolution mondiale, celle des travailleurs et de la jeunesse, qui, pour le moment, surgit dans certains pays arabes. C’est bien parce qu’il s’agit d’un processus mondial qui menace tous les gouvernements aux ordres des marchés financiers qu’en Chine par exemple, le pouvoir a interdit toute connexion internet vers des informations sur la Tunisie et l’Egypte…

 

Moubarak chassé, la révolution n’est pas finie

 

Mais, malgré le départ des dictateurs, en Tunisie et en Egypte la situation reste tendue.

 

En Tunisie, le pouvoir en place cherche à préserver les institutions de Ben Ali en leur donnant un air plus démocratique. La première décision du gouvernement de Ghannouchi, ancien bras droit de Ben Ali, a été de convoquer une grande conférence au mois de mars pour rassurer tous les pays européens, les investisseurs étrangers : « nous ne remettrons pas en cause la politique de privatisation de Ben Ali, nous continuerons à vous assurer de juteux profits ». Dans le même temps, la population résiste, continue à s’organiser : dans l’UGTT, le syndicat des travailleurs tunisiens, on exige de la direction qu’elle arrête de soutenir ce gouvernement.

 

En Egypte, alors que la mobilisation du peuple poussait Obama et les militaires à lâcher Moubarak, ces derniers ont pris le pouvoir. Ils ont suspendu la Constitution, et Souleimane déclare : « nous ne toucherons pas aux accords internationaux ». Bref, il continuera à soutenir Israël, à réprimer Gaza, à offrir de bons investissements pour les capitalistes… Mais une semaine après la chute de Moubarak, des centaines de milliers d’Egyptiens se rassemblent au Caire, certains disent : « le départ de Moubarak était notre première revendication, mais il y en a plein d’autres qu’il faut encore arracher ». Et partout dans le pays, des grèves ouvrières se multiplient.

 

En France, il faudrait accepter, composer avec la politique du gouvernement ?

 

Les obstacles sur le chemin de la révolution, en Tunisie ou en Egypte, nous les retrouvons en France, même si ce n’est bien sûr pas sous la même forme. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ceux qui en appellent à l’Union européenne – qui a pourtant activement soutenu Ben Ali et Moubarak – pour « rétablir la démocratie » en Tunisie et en Egypte (parce que le peuple n’est pas capable de le faire tout seul sûrement…) sont les mêmes qui disent aux travailleurs français : « nous sommes d’accords avec le gouvernement, il faut bien réduire les déficits publics ».

 

Ainsi, quand le gouvernement annonce la suppression de 16 000 postes de profs dans l’Education nationale, il faudrait se coucher. Et ces profs, souvent avec des lycéens, qui vont en délégation au rectorat pour exiger le maintien des postes dans leur bahut, ils auraient donc tord ? Non, ils ont raison et d’ailleurs tous les ingrédients sont aujourd’hui réunis pour que dans les prochaines semaines les lycées se mettent en mouvement, « parce que là, c’est trop ! ».

 

Dans les universités, les nouvelles annonces gouvernementales ont un objectif simple : la destruction pure et simple de l’université. Que ce soit les plans Idex qui prévoient la fermeture massive de filières, l’abandon de l’enseignement supérieur comme service public, ou que ce soit le nouveau plan Licence qui prévoit d’envoyer tous les étudiants en stage ; tout est fait pour démonter tout ce qui fait la base de l’université depuis des décennies. Et comment comprendre ce communiqué de l’Unef qui estime que le gouvernement… ne va pas assez loin ! Il faudrait plus de moyens pour que le plan Licence ne reste pas un « recueil de bonnes intentions » !

 

Organiser la bataille sur chaque revendication

 

Pour l’AJR, la révolution en Tunisie et en Egypte, quelle que soit son issue, démontre une chose : quand rien ne vient barrer le mouvement d’un peuple, celui-ci est capable de tout, même de renverser un dictateur. Et en France, une question se pose : si ils ont renversés des dictateurs, qu’est-ce qui nous empêche d’obtenir le maintien de tous les postes dans notre lycée, le maintien de toutes les filières dans notre fac ?

En ce sens, l’AJR cherchera à organiser, que ce soit sur les lycées ou à l’université, chaque bataille sur les revendications, même les plus « minimes ». Certains disent que les jeunes ne sont pas prêts à se battre, que l’on ne peut rien faire d’autre que de négocier une bonne application des réformes du gouvernement. L’AJR, pour sa part, cherche à regrouper les jeunes autour de revendications correctes, à organiser des délégations pour obtenir satisfaction.

L’AJR cherchera également à s’expliquer sur la révolution en Tunisie et en Egypte : alors qu’on nous disait que la révolution était une illusion, une idée poussiéreuse, les peuples tunisiens et égyptiens démontrent de manière éclatante le contraire. La tenue de réunions publiques en direction des facs et/ou des lycéens est plus que jamais à l’ordre du jour !

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