Tunisie : une révolution qui s'enracine

Publié le par Permanence nationale de l'AJR

Note sur la situation politique – 22 janvier 2011

 

Tous les regards sont braqués sur la Tunisie. Les capitalistes observent avec angoisse cette révolution, les travailleurs et les jeunes avec espoir. D’abord une révolte de la jeunesse, puis un soulèvement du peuple tunisien, il s’agit bien aujourd’hui d’une révolution dont on peut percevoir tous les éléments.

 

L’impérialisme au secours d’un pouvoir déstabilisé

 

C’est d’abord un Etat déstabilisé à tous les niveaux. Ben Ali a pris la fuite et c’est la panique dans son clan. Au RCD (parti unique sous Ben Ali), atmosphère de fin de règne : son siège est saccagé par la foule, son bureau politique démissionne. Une partie de la police reste fidèle à l’ancien régime et s’organise en milice pour provoquer et déstabiliser la révolution ; une autre partie de la police manifeste contre la présence du RCD dans le gouvernement. L’armée « maintien l’ordre » au compte du nouveau gouvernement, mais une partie des soldats  fraternisent avec la population.

 

Alors les gouvernements impérialistes, des Etats-Unis et de la France en premier lieu, mettent tout en œuvre pour enrailler cette révolution en marche. Il s’agit pour eux de préserver leurs intérêts : le capitalisme français a grandement profité des privatisations orchestrées par Ben Ali, et tous craignent une « contagion » à tout le Maghreb.

C’est pourquoi tous en appellent à un gouvernement d’union nationale, au retour à la normale. Tous se félicitent de la démocratie, ceux-là même qui ont appuyé jusqu’au dernier moment Ben Ali, ceux-là même qui se veulent garants de la liberté en Afghanistan, en Irak, en Côte-d’Ivoire… Tous appuient ce gouvernement dans lequel on retrouve des fidèles de Ben Ali, mais peu importe : au contraire, c’est un gage que ce gouvernement continuera sur la même lancée que sous Ben Ali, qu’il ne touchera pas aux intérêts des capitalistes.

 

Le peuple tunisien prend ses affaires en main

 

Mais le nouveau gouvernement est confronté à un problème de taille : le peuple tunisien ne veut pas s’arrêter là, il ne veut pas se faire voler sa révolution. Alors il s’organise : partout émergent des comités de quartier chargés de la sécurité, de contrôler la police et l’armée, d’organiser la distribution de la nourriture.

Alors qu’on cherche à leur imposer un gouvernement qui n’est pas le leur : à tel point que les membres de l’opposition qui avaient accepté de rentrer dans le gouvernement sont contraints d’en sortir devant la colère de la population.

Le peuple tunisien cherche aussi à consolider la révolution en l’approfondissant. Dans certaines entreprises, les travailleurs se révoltent et chassent le patron : « après avoir chassé Ben Ali, on chasse le directeur de l’entreprise ! ».

C’est donc une révolution en Tunisie. Une guerre ouverte entre la classe capitaliste et le peuple tunisien.

 

Organiser la discussion sur l’expérience révolutionnaire tunisienne

 

En tant que militants révolutionnaires, nous aspirons tous à vivre directement la situation dans laquelle se trouve la Tunisie. Pour nous, la révolution et l’internationalisme ne sont pas de vains mots.

Il nous revient d’ouvrir la discussion avec les jeunes à la fois sur la révolution tunisienne et les problèmes qui sont posés, et à la fois sur la nécessité même, pour l’ensemble de la jeunesse du monde, de renverser cette société – ce qui pose la question de l’organisation, de la construction de l’AJR. On nous disait que l’idée de révolution était dépassée ; le peuple tunisien a apporté brillamment sa réponse.

En même temps, pour nous en France, le meilleur moyen d’aider la jeunesse tunisienne, c’est chercher par tous les moyens à combattre notre propre gouvernement qui cherche à intervenir pour enrailler la révolution tunisienne. Et cela commence dans les lycées, dans les universités. La révolution tunisienne a débuté parce que la jeunesse était confrontée au chômage, à la misère, aux privatisations, à l’augmentation des prix. Comment débutera la révolution en France ?  

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